La maladie du sommeil :
combien sont touchés et où ?
Ann-Marie Sevcsik
Rédactrice médicale & attachée de presse de DNDi
Pratiquement contrôlée vers le milieu du xxe siècle, la maladie du sommeil est réapparue à échelle épidémique vers les années 1980-1990 due au relâchement des systèmes de veille sanitaire et des activités de lutte contre la maladie), causée par les guerres, les troubles civils et d'autres priorités sanitaires. En 2006, la situation épidémiologique a changé grâce à une campagne de sensibilisation lancée par l'OMS en 1997 suite à des résolutions de l'Assemblée Mondiale de la Santé ayant pour effet une sensibilisation croissante et des engagements du secteur public (Belgique, France) et privé (sanofi-aventis, Bayer). Comme conséquence, les pays endémiques ont reçu le soutien technique et financier de l'OMS pour les activités de lutte et pour le traitement grâce à la donation des médicaments. Cet effort de tous les partenaires concernés, en particulier des ONG comme MSF, en plus de l'interruption des conflits a permis d'augmenter l'accès des populations au diagnostic et au traitement et d'inverser la courbe de nouveaux cas et de populations mis sur dépistage actif (Figure).

Au cours des dernières années, une lutte accrue par les programmes nationaux et par les ONG dans les foyers les plus actifs ont contribué à faire baisser de manière importante et régulière le nombre de nouveaux cas déclarés. D’autre part, les études des zones historiques ou à basse endémie ont permis d'augmenter les connaissances sur la distribution de la maladie.

Les 5 pays avec l’endémie la plus forte, regroupant 95 % des 17 616 cas déclarés en 2004, sont la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Soudan, l’Ouganda, et la République Centrafricaine ; la RDC compte à elle seule 66 % des cas1. Cependant en Ouganda, on observe une tendance inquiétante de chevauchement géographique possible entre T.b. gambiense et T.b. rhodesiense a été observée récemment qui pourrait compliquer de manière importante la prise en charge de la maladie dans cette région à cause de différences en termes d’évolution, de transmission, et de sensibilité au traitement.

De surcroît reste une grande inconnue : la différence entre le nombre de cas déclarés et le nombre de cas réels. Ainsi que l’a estimé le Dr Victor Kande (directeur du PNL-THA2) de la RDC3, “le programme national de lutte contre la THA en RDC ne couvre que 20 % de la population totale, et nous savons que certains foyers historiques échappent à toute surveillance depuis un certain temps.”

1. WHO Weekly Epidemiological Record. 2006; 8: 71-80.
2. Programme national de lutte contre la trypanosomiase humaine africaine.
3. Exposé de Victor Kande lors de la réunion de DNDi à Nairobi au Kenya en 2006.
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