EDITORIAL
NECT : un succès mais beaucoup reste à faire
Les résultats positifs de l’étude clinique de la combinaison de nifurtimox et d’éflornithine (NECT) ouvrent la voie à une nouvelle option thérapeutique dans la prise en charge des patients atteints de la maladie du sommeil au stade 2. Ils constituent un motif de satisfaction immense pour l’initiative Médicaments contre les Maladies Négligées (DNDi ).

Plusieurs raisons le justifient :
• NECT représente la première amélioration thérapeutique de DNDi et ses partenaires dans le domaine des maladies les plus négligées ;
• NECT devrait réduire fortement la létalité associée à l’utilisation du mélarsoprol, très toxique, à base d'arsenic ;
• NECT devrait permettre de limiter le risque de résistance lié à l’utilisation de l’éflornithine en monothérapie ;
• L’étude clinique de NECT, menée à bien dans un partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), Epicentre, l’Institut Tropical Suisse (ITS), et les programmes nationaux de lutte contre la trypanosomiase humaine africaine (THA) de la République démocratique du Congo et de la République du Congo, démontre qu’une étude respectant les standards de qualité internationaux peut être menée à son terme et avec succès malgré un environnement difficile dans les régions endémiques d’Afrique.

Pour autant, ces motifs de satisfaction ne peuvent éluder le fait que NECT ne permettra pas un changement radical de la stratégie d’intervention qui serait nécessaire pour accroître les chances de contrôle de la maladie du sommeil.

Le changement nécessiterait :


 de nouveaux outils
Le développement d’outils diagnostiques simples entrepris par la Fondation pour l'innovation en matière de nouveaux diagnostics (FIND) pour substituer la ponction lombaire est un impératif absolu. La découverte de nouveaux traitements simples et bien tolérés permettant d’envisager la prise en charge des patients au niveau des structures sanitaires de base est un objectif de DNDi. Félicitons-nous de l’entrée en phase de développement clinique en 2009 du fexinidazole, le seul projet à ce stade de développement pour la THA. Par ailleurs, la mise en place d’un Consortium THA d’optimisation de candidats médicaments est également au coeur de notre stratégie scientifique à plus long terme.

 des partenariats solides au plus près des besoins.

A l’instar de la Plateforme THA qui a facilité la réalisation du projet NECT, seules des stratégies concertées au niveau des pays permettront de définir les priorités de recherche, de développer des capacités de recherche clinique pérennes et de qualité, de former du personnel de santé, de faciliter l’accès aux nouveaux outils là où les besoins existent, c’est à dire au niveau communautaire. Les programmes nationaux de lutte contre la THA sous la coordination de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont là un rôle majeur à jouer tout en pouvant bénéficier du soutien des organisations non gouvernementales et de DNDi.

 des ressources financières

mises à disposition pour accompagner ces stratégies seront évidemment décisives. DNDi a pu depuis 2003 mettre en place une stratégie ambitieuse pour la THA grâce au soutien de MSF, du Département britannique pour le Développement international, du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, de l’Agence espagnole de Coopération internationale, de l’Union européenne, ainsi que de la Fondation
Bill et Melinda Gates.

Notre succès d’aujourd’hui avec NECT est le fruit d’une combinaison de chacun de ces facteurs. Seule l’intensification d’efforts coordonnés permettra de répondre aux enjeux futurs !
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